C’est vrai ça… Nous en France (à Paris), on a fait le tour des amis, pendant un mois on a dit « Le nouvel an ? Nan rien de prévu, on verra, on se ferra un petit truc à l’improviste… » en attendant désespérément qu’un ami se dévoue pour enfin balancer autour d’un apéro : « bon… si vraiment on est en galère on peut le faire chez moi… ».
Ca c’est donc quand on fait la fête du nouvel an dans sa ville entourés de ses proches. Et quand on est l’étranger alone sans amis dans ses bagages ? On a plutôt envie de s’imprégner de l’ambiance des lieux et de la culture locale.
Alors que font les Japonais pour cette occasion ?
Pendant le mois de décembre, dès la date du 13, la préparation commence : c’est le grand nettoyage de la maison (comme notre fameux nettoyage de printemps / quelqu’un le fait d’ailleurs ??).
La journée du 31 est consacrée à la préparation du diner du soir : Osechi ryôri, composé de plusieurs préparations présentées dans des jûbako, boîtes à repas compartimentées, laquées pour les plus belles (un peu comme les ekibens du train en plus chic pour les connaisseurs).
La fête est plutôt une fête familiale pour accueillir le Toshigami, la divinité shintoïste de la nouvelle année qui apporte sa bénédiction dans toutes les maisons.
Au lieu des douze coups de minuit, les Japonais viennent écouter les 108 coups frappés sur la cloche du temple. Ils sont censés dissiper les 108 passions ou souillures de l’âme et appeler la nouvelle année.
Le premier janvier, quand toute la famille est réunie, arrive l’heure du hatsumôde, la première visite au temple (le temple bouddhiste ou le sanctuaire shintô). Durant ce jour et les deux suivants, les foules se pressent dans chaque temple dans une cohue phénoménale. On y lancent une pièce porte-bonheur comme dans la fontaine de Trevi à Rome. Dans les plus grands temples (Meiji-jingu à Tôkyô, le Narita-san à Chiba ou le Sensô-ji d’Asakusa), les fidèles lancent leur pièce de loin, tant il est difficile de s’approcher de l’autel.
Voilà, ça c’est la partie « culturelle ».
Et voici MON nouvel an à moi à Tokyo (moins spirituel).
Un petit dîner de sushis sur des tapis roulants (cf article précédent pour le savoir-vivre 😉), l’idée est de se diriger vers un des endroits les plus animés de la ville et haut lieu de symbole de Tokyo : le carrefour de Shibuya (avec les nombreux passages piétons qui est souvent représenté en photo) pour suivre le décompte.
Le carrefour et quelques rues autour sont fermés par la police pour minimiser le bazar ambiant dans cette artère très fréquentée. Le but étant (interprétation 100%) de ne pas bloquer la circulation des voitures. Donc personne ne peut accéder au carrefour qui du coup est vide (fait rarissime), et tout le monde court dans la rue pour trouver un endroit propice ou se regrouper.
Me voici finalement à un croisement de rue où la foule s’est regroupée et là : san, ni, ichiiiiiiii….. Happy new year !!!
Comme partout à ce moment là, le but est de faire du bruit, de crier, de se souhaiter bonne année, ça vous connaissez. Au bout d’un certain temps, voulant quitter un peu cette foule, je m’aperçois que nous sommes totalement cernés par un cordon de police. Un cordon au sens propre : il est jaune fluo ! L’ambiance est bonne enfant de toute façon. Mais ça fait un drôle d’effet.
Un peu de marche dans le quartier et vraiment la police est partout, avec des flics au mégaphone qui parlent beaucoup (l’histoire ne nous dit pas la signification)… Et là, ultime transgression ! Certains japonais se font photographier devant la police stoïque en faisant des doigts ! Et oui quelle folie ! Cela dit, dans ce pays régi par tant de codes sociaux, je ne m’y attendais vraiment pas.
J’assiste ensuite à un spectacle d’une drôlerie intense. A un feu de circulation, la police bloque tout le monde avec le fameux cordon jaune fluo pour laisser passer les voitures. Quand le petit bonhomme devient vert, tout le monde traverse en courant, se met au milieu, crie, saute, lance des rubans de papier toilette, etc, une intense frénésie, on dirait un pogo dans un concert de métal. Et hop, le petit bonhomme devient rouge,et instantanément, très sagement, tout le monde de retour sur le trottoir en attendant le prochain bonhomme vert. Très bizarre de voir d’un coup autant de lâcher prise puis autant de discipline. Oui j’ai fait le jeu moi aussi, 3 ou 4 fois quand même, mais on se lasse… On sent que c’est le moment de graaaande foliiiie de l’année ou tout le monde se lâche… Mais attention, uniquement dans les limites du petit bonhomme vert !
D’ailleurs, une fois en pleine journée, j’ai traversé alors que le bonhomme était rouge,oui j’étais un peu pressée, j’allais m’acheter un cheese burger au McDo, tout le monde était sans voix et j’ai été prise en photo pour ça. !
Dans la rue, certains japonais me « hug » ! En souhaitant bonne année. Ils vont spontanément vers les garçons, moi je les force un peu. Je crois qu’ils ont peur de manquer de respect à une femme en la « hugguant » (alors que bon lui toucher les fesses dans le métro c’est pas bien méchant…) CQFD.
Ensuite, j’ai fêté ça dans plusieurs petits bars style « alternatifs » à des étages d’immeubles, ils sont invisibles de la rue. Des looks improbables bien sur (ci-dessous DJ cheveux), des piercings dignes du Guinness Book, des gens qui dorment au bar ou dans les toilettes (oui ici on voit ça partout).
Avec le décalage horaire, on peut même passer un petit coup de bigophone aux amis à Paris quand on se couche, eux ne sont pas encore au champagne.
Le premier janvier, certains vont au temple donc pour bien commencer l’année et attirer des bonnes ondes.
Certains, comme moi, vont dans d’autres styles de temples, ceux de la consommation ! Pour les mêmes raisons. Les grands magasins sont ouverts, des vendeurs crient au mégaphone pour vous faire entrer.
Une coutume amusante pour ce premier janvier : la pochette surprise appelée fukubukuro : des sacs en tissus à environ 100 euros qui contiennent des articles de la marque. Le sac surprise quoi. Même starbucks coffee a le sien a 30 euros.
Pour ce qui est qui est achats compulsifs au Japon ? Je vous prépare un article spécifique, ça en vaut la peine 😉
Bonne année !
#nouvelan
#japanaddict